Définition koulak

Citations Synonymes Définition
Koulak (Nom commun)
[ku.lak] / Masculin
  • Paysan aisé dans la Russie tsariste et post-tsariste.
Informations complémentaires

Le terme "koulak" (ou "kulak" en russe) désigne historiquement un paysan relativement aisé en Russie, particulièrement avant et durant la période soviétique. Les koulaks possédaient généralement des terres, du bétail, et engageaient des travailleurs saisonniers ou à temps plein, ce qui les distinguait des paysans plus pauvres. Explorons en détail l'origine, l'évolution et l'impact de ce terme dans le contexte historique et social russe.

Le terme "koulak" provient du mot russe signifiant "poing", symbolisant la richesse et l'avidité, selon la propagande soviétique. Avant la Révolution russe de 1917, les koulaks représentaient une classe de paysans prospères qui avaient réussi à accumuler une certaine richesse et une position sociale relativement élevée dans les communautés rurales. Ils jouaient souvent un rôle central dans l'économie agricole locale en possédant des moyens de production plus importants que ceux des paysans moyens ou pauvres.

Après la Révolution de 1917 et la prise de pouvoir par les bolcheviks, le terme "koulak" prit une connotation de plus en plus négative. Les dirigeants soviétiques, sous la direction de Vladimir Lénine et plus tard de Joseph Staline, considéraient les koulaks comme des ennemis de la révolution et de la classe ouvrière. Ils les accusaient de s'opposer à la collectivisation de l'agriculture et de tenter de préserver leurs intérêts économiques aux dépens des paysans pauvres.

Dans les années 1920 et 1930, la politique de collectivisation forcée de Staline visait à transformer l'agriculture soviétique en regroupant les fermes individuelles en grandes fermes collectives ou kolkhozes. Les koulaks furent particulièrement visés par cette politique, étant perçus comme des obstacles à la mise en œuvre de la collectivisation. La "dékoulakisation" devint une campagne violente visant à éliminer les koulaks en tant que classe sociale.

Cette campagne de dékoulakisation impliquait des confiscations massives de terres et de biens, des déportations en masse vers des régions éloignées de Sibérie et du Kazakhstan, et des exécutions sommaires. Des millions de koulaks et leurs familles furent ainsi persécutés, et beaucoup périrent en raison des conditions inhumaines de déportation et de détention. Cette période fut marquée par une immense souffrance et une déstabilisation sociale dans les campagnes soviétiques.

La répression des koulaks eut des conséquences profondes sur l'agriculture soviétique. La collectivisation forcée et la destruction de la classe koulak contribuèrent à une baisse drastique de la production agricole, entraînant des famines dévastatrices, notamment la grande famine de 1932-1933, connue sous le nom d'Holodomor en Ukraine. Cette famine fit des millions de victimes et eut un impact durable sur les régions agricoles de l'Union soviétique.

Sur le plan idéologique, l'élimination des koulaks était justifiée par les dirigeants soviétiques comme une étape nécessaire pour construire une société socialiste égalitaire. Toutefois, en pratique, elle exacerbait les inégalités et la violence dans les campagnes. La stigmatisation des koulaks et les politiques brutales de collectivisation laissèrent un héritage de méfiance et de traumatisme qui perdura dans les sociétés post-soviétiques.

En conclusion, le terme "koulak" désigne une classe de paysans aisés en Russie, devenue un symbole d'ennemi de classe sous le régime soviétique. La politique de dékoulakisation et la collectivisation forcée eurent des conséquences dévastatrices sur l'agriculture et la société rurale soviétique, entraînant des souffrances humaines massives et des famines meurtrières. L'histoire des koulaks et de leur persécution reste un témoignage poignant des excès et des tragédies de l'ingénierie sociale soviétique.