Définition étant
Citations
Synonymes
Définition
Étant (Nom commun)
[e.tɑ̃] / Masculin
- (Philosophie) Concept utilisé pour désigner tout ce qui se présente d'une façon déterminée, sur un mode concret, opposé à l’être qui est indéterminé, indifférencié.
Informations complémentaires
Le mot étant intrigue souvent parce qu’il semble suspendu. Ni vraiment un verbe conjugué, ni tout à fait un nom, mais une forme, un état en cours, une chose en train de se faire. C’est le participe présent du verbe être, ce qui le place déjà à part. On le rencontre moins fréquemment que d’autres formes du verbe, mais quand il apparaît, il transporte une nuance de continuité, de durée, de simultanéité. Être en train d’être. C’est presque une boucle. Un mot discret, mais chargé.
Il arrive que l’on croise étant en tête de phrase, pour justifier, pour introduire un contexte : étant donné les circonstances, étant fatigué, étant conscient du risque. Dans ces cas-là, il installe immédiatement une ambiance, une cause, une posture. Le verbe être devient fluide, presque malléable. On glisse dans une logique de justification ou d’arrière-plan. On ne décrit pas l’action, on la situe. On pourrait dire que étant, c’est le mot des préambules, celui qui prépare sans faire de bruit.
Mais il ne faut pas se laisser tromper par sa forme légère. Étant porte en lui une idée de condition. Il inscrit un état dans le mouvement, dans l’instant. Être quelque chose en étant autre chose. On peut être en colère tout en étant lucide. On peut être présent tout en étant ailleurs dans sa tête. Le mot ouvre à ces dualités, à ces superpositions d’états que la langue ne permet pas toujours de dire facilement autrement. C’est un mot souple, presque philosophique parfois.
Certains diront que étant a un côté formel, un peu froid. C’est vrai qu’on le retrouve souvent dans les documents officiels, dans les justifications administratives, les rapports, les notices. Il a ce ton neutre, presque institutionnel. Mais utilisé dans un cadre littéraire, il peut devenir outil de rythme. Il lie sans imposer. Il permet des phrases longues sans qu’on s’en rende compte. On glisse de l’un à l’autre, tout en étant, justement, dans un flux.
Ce qui frappe aussi, c’est que étant ne désigne pas que des êtres humains. On parle d’un état étant instable, d’un bâtiment étant en travaux, d’une situation étant critique. Le mot dépasse la personne. Il s’applique à ce qui est. Et ce simple fait le rend fondamental. Dans un sens, étant, c’est tout ce qui existe, tout ce qui prend place dans le monde, qu’il s’agisse d’un objet, d’un sentiment ou d’un fait. Il touche à l’essence même des choses, sans le clamer.
Dans certains contextes philosophiques ou religieux, le mot étant prend un sens encore plus large. Il est utilisé pour désigner l’être en tant que tel, l’ensemble de ce qui est. Les textes anciens parlent de l’étant comme de ce qui constitue la réalité, par opposition à l’essence ou à l’idée. Là, on n’est plus dans l’usage courant, mais dans une recherche presque ontologique. Le mot devient concept. Et pourtant, il reste simple, presque invisible.
Ce paradoxe est peut-être ce qui rend étant si singulier. C’est un mot qui dit l’être, tout en s’effaçant derrière lui. Il n’impose rien, ne décrit pas, ne juge pas. Il relie. Il accompagne. Il installe. Comme une sorte de lumière tamisée dans une phrase, il colore sans dominer. Même prononcé, il est doux, à peine audible. Un murmure grammatical. Une présence tranquille.
Alors non, étant ne brille pas. Ce n’est pas un mot qui séduit. Mais il est là, nécessaire, structurant. On s’y habitue à force de l’écrire, de le lire. Et un jour, on comprend qu’il ne fait pas qu’exister. Il est. Simplement. Sans bruit. Sans drame. Juste là.
