Définition anglophone



Illustration(s) et photo(s) pour définir le mot anglophone

Citations Synonymes Définition
Anglophone (Nom commun)
[ɑ̃.ɡlɔ.fɔn] / Masculin et féminin identiques
  • Personne parlant la langue anglaise.
Anglophone (Adjectif)
[ɑ̃.ɡlɔ.fɔn] / Masculin et féminin identiques
  • De langue anglaise.
Informations complémentaires

Le mot anglophone s’est imposé dans de nombreuses langues, dont le français, pour désigner les personnes ou les communautés qui parlent anglais comme langue maternelle ou principale. Il n’est pas rare de l’entendre dans les discussions sur la mondialisation, les politiques linguistiques, ou les relations culturelles internationales. À première vue, le terme semble purement descriptif : anglo pour “anglais”, -phone pour “qui parle”. Et pourtant, il dit souvent bien plus que cela. Il contient des enjeux d’identité, de domination, d’appartenance.

On peut supposer que son usage s’est généralisé à mesure que l’anglais est devenu une langue mondiale. Être anglophone, aujourd’hui, ce n’est pas simplement parler anglais. C’est parfois être perçu comme appartenant à une sphère culturelle bien définie – celle des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada anglophone, de l’Australie ou de la Nouvelle-Zélande. Le mot sert donc aussi à différencier. Il trace des frontières : entre francophones et anglophones, entre monde anglo-saxon et monde latin, entre cultures majoritaires et cultures résistantes.

Il arrive que le terme soit utilisé de façon neutre – notamment dans les statistiques, les politiques linguistiques ou l’enseignement. On parlera de population anglophone, de pays anglophones, de système scolaire anglophone. Dans ces contextes, le mot fonctionne comme une balise, un repère linguistique et géographique. Mais dans d’autres cas, plus sensibles, anglophone peut devenir un marqueur de tension. Dans certaines régions du Canada, par exemple, le clivage entre anglophones et francophones n’est pas qu’une question de langue : il touche à l’histoire, à la reconnaissance, à l’équilibre des pouvoirs.

Certains diront que le mot anglophone est trop large, qu’il gomme les différences entre les pays et les cultures. C’est vrai qu’un Nigérian anglophone, un Irlandais anglophone et un Texan anglophone n’ont pas grand-chose en commun, si ce n’est l’usage de l’anglais. Mais c’est aussi la force du mot : il unit par la langue, au-delà des identités nationales. Il permet de penser en termes de réseaux linguistiques plutôt que de frontières. Et dans un monde globalisé, ce type de mot devient un outil d’analyse précieux.

Le mot fonctionne aussi comme une étiquette identitaire. Certaines personnes se définissent comme anglophones avant même de préciser leur nationalité. Notamment dans les contextes bilingues ou multilingues : en Belgique, au Québec, au Cameroun, ou dans certaines régions d’Afrique de l’Ouest. Là, le mot devient un positionnement. Il peut être revendiqué ou contesté, selon les histoires individuelles et les enjeux collectifs.

Il faut noter que anglophone n’est pas toujours un simple constat linguistique. Dans certains cas, il peut être synonyme de pouvoir, d’accès, de privilège. Parler anglais ouvre des portes : sur le marché du travail, dans les études, dans les échanges internationaux. Et c’est parfois ce que le mot suggère en creux : une forme de centralité. Être anglophone, ce n’est pas seulement parler une langue mondiale, c’est parler la langue de ceux qui définissent souvent les règles du jeu.

Dans la culture populaire, le mot est plus rarement employé, mais il apparaît par touches : pour désigner un public cible (marché anglophone), une production artistique (cinéma anglophone), une ambiance particulière. Là encore, il ne dit pas que la langue. Il dit une esthétique, une manière de faire, une certaine façon de voir le monde. Et c’est sans doute pour cela que le mot reste si actif : il ne cesse de produire du sens, bien au-delà de son apparente neutralité.

Au fond, anglophone est un mot-miroir. Il renvoie autant à la langue qu’à tout ce qu’on projette sur elle. Il peut être utilisé de façon froide ou politique, inclusive ou clivante. Il bouge, selon le contexte. Et c’est peut-être cette malléabilité qui fait sa force : il ne fige rien, mais il dit beaucoup. À condition de savoir l’écouter.


Pays anglophone