Définition en-cours

Le mot en-cours appartient à cette catégorie de termes discrets mais essentiels, souvent utilisés dans des contextes techniques, administratifs ou financiers. Il désigne quelque chose qui est en train de se faire, qui n’est pas encore terminé, mais qui est déjà engagé. Un en-cours n’est ni une promesse, ni un résultat : c’est un mouvement, une situation en suspens, un entre-deux. Et c’est précisément cette position transitoire qui lui donne sa valeur.

On peut supposer que l’usage du mot s’est d’abord imposé dans les milieux professionnels : en-cours de fabrication, en-cours de traitement, en-cours de livraison. Autrement dit, des processus lancés mais non clos, des tâches entamées, des projets vivants. Le mot rassure : il indique que quelque chose est pris en charge. Mais il introduit aussi une attente, un flou. Il ne donne pas de date, il ne garantit rien. Il dit simplement : ce n’est pas fini.

Il arrive que en-cours prenne un sens plus précis en comptabilité ou en finance. On parle alors des en-cours clients, des en-cours fournisseurs, ou d’un en-cours bancaire. Dans ces cas-là, le mot désigne des montants dus, des flux financiers non encore soldés. Ce sont des sommes en circulation, non encaissées ou non payées, qui pèsent dans les bilans. Le mot devient alors une unité de mesure du risque, de la fluidité ou de la santé d’une activité.

Certains diront que en-cours est un mot un peu froid, un peu impersonnel. Il est vrai qu’il manque souvent d’émotion. C’est un terme de gestion, de suivi, d’évaluation. Il ne parle pas de sentiments, mais d’états. Pourtant, il peut aussi désigner des réalités très humaines : un divorce en cours, une inscription en cours, une procédure en cours. Là, le mot s’alourdit. Il prend le poids de l’attente, de l’incertitude, parfois de l’angoisse.

On retrouve aussi en-cours dans le langage du numérique. Mise à jour en cours, chargement en cours, connexion en cours. Le mot devient un signal, souvent temporaire, qui informe l’utilisateur que le système travaille. Il est l’indicateur d’une action invisible, d’un processus en arrière-plan. Et dans ce cas, le mot rassure : il évite qu’on croie que tout est bloqué. Il dit : ça bouge, même si vous ne le voyez pas.

Il faut noter que en-cours peut également être utilisé comme nom masculin invariant, avec un trait d’union : un en-cours. Ce substantif est souvent réservé aux contextes techniques : les en-cours de production, les en-cours bancaires. Mais le mot peut aussi être utilisé plus librement : j’ai plusieurs en-cours, pour parler de projets en cours de réalisation, notamment dans le milieu artistique, éditorial ou entrepreneurial. Il désigne alors non pas une seule action, mais une masse de choses ouvertes.

Il n’est pas rare que le mot glisse dans des usages plus créatifs. Certains artistes ou écrivains parlent de leurs en-cours pour désigner leurs œuvres en gestation. Là, le mot devient presque poétique. Il évoque des chantiers mentaux, des idées en train de naître, des directions encore floues. Il n’y a plus de notion de délai ou de comptabilité : juste un espace où quelque chose se prépare. Le mot devient alors un mot d’atelier.

En-cours, au fond, est un mot suspendu. Il ne ferme rien, il ne tranche pas. Il maintient la tension, l’élan, la possibilité. Il ne dit pas où l’on va, mais il rappelle qu’on est en route. Et dans un monde où tout va vite, où tout doit être fini, affiché, classé, un mot comme en-cours a peut-être plus de force qu’on ne le pense. Parce qu’il laisse place au temps.