Définition fissa
Citations
Synonymes
Définition
Fissa (Adverbe)
[fi.sa]
- (Argot) et (Populaire) Rapidement, vite.
Informations complémentaires
Le mot fissa surgit dans la langue comme un coup de fouet verbal. Court, sec, efficace, il ne prend pas de détour. Quand quelqu’un dit "fissa", il ne demande pas, il ordonne presque – ou du moins, il presse. Ce terme appartient au registre argotique, populaire, mais il s’est glissé, au fil du temps, dans des dialogues de films, des conversations familières, parfois même dans un ton faussement drôle qui lui donne une seconde vie. Il évoque la vitesse, l’urgence, mais sans la solennité des grands mots : c’est un vite avec du caractère.
On peut supposer que son origine arabe, du mot fî sâ‘a (في ساعة), signifiant littéralement "dans une heure" ou "immédiatement", a favorisé son intégration dans l’argot des rues françaises, notamment via les échanges linguistiques en milieu urbain, les casernes militaires, ou les colonies. Comme beaucoup de mots venus d’ailleurs, fissa a été francisé sans trop perdre son énergie première. Il reste marqué par l’impulsion. Pas de temps mort. On l’emploie pour couper court, pour activer.
Il arrive souvent que le mot soit utilisé de manière théâtrale ou ironique. Dire fissa dans une conversation, c’est parfois jouer un rôle : celui du patron pressé, du parent excédé, du flic de série B. C’est un mot qui permet de faire monter la tension, même gentiment. Il est rare qu’il soit utilisé dans un contexte strictement professionnel ou formel. Il appartient à une langue de l’oralité, du terrain, de la rue, du quotidien. Certains diront qu’il sent bon les dialogues d’Audiard, les blousons en cuir, les années 60.
Et pourtant, malgré son ancrage argotique, fissa n’a jamais vraiment disparu. Il ressurgit régulièrement, comme un vieux tic de langage qui ne veut pas mourir. Peut-être parce qu’il dit quelque chose de précis avec une économie de moyens. Pas besoin d’adverbes, pas besoin de nuances : fissa claque. Il impose un rythme. Il met le corps en mouvement. Et ce n’est pas rien dans une langue souvent plus abstraite qu’agissante.
Certains usages modernes le recyclent avec une forme de second degré. On l’entend parfois dans la bouche de jeunes adultes qui ne l’ont pourtant jamais entendu chez leurs grands-parents. Ils le reprennent parce qu’il sonne, parce qu’il est drôle, parce qu’il surprend. Le mot se prête bien à l’effet de style. Il est rare, mais pas ringard. Il est décalé, mais pas désuet. Et dans une époque où le langage cherche sans cesse à se réinventer, ce genre de mot a toutes ses chances.
Il n’est pas rare non plus de le voir associé à des injonctions affectueuses : "Allez, fissa ma belle !" ou "Tu rentres fissa, hein ?" Là encore, l’urgence est réelle mais teintée d’un sourire. Le mot se prête à ces glissements d’usage. Il peut être dur ou tendre, selon le ton. Et c’est peut-être ce qui fait sa force : il n’est pas enfermé dans une seule posture. Il circule, s’adapte, se joue de lui-même.
Il faut dire aussi que fissa ne s’écrit presque jamais. C’est un mot qui vit à l’oral, qui passe de bouche à oreille. Il ne figure pas souvent dans les écrits officiels, encore moins dans les discours. Mais il continue de peupler les dialogues, les injonctions de trottoir, les phrases volées dans les transports. C’est un mot de passage. Il fait partie de ces petits signaux sonores qui disent plus que ce qu’ils expriment : le ton, le geste qui l’accompagne, le regard, tout compte.
Et puis, il y a dans fissa une part de nostalgie joyeuse. Il évoque une époque où l’on allait vite, mais sans stress managérial. Une vitesse humaine, presque familière. On ne disait pas "optimiser son temps", on disait "fissa". Et tout le monde comprenait. Une urgence, oui, mais avec de la gouaille. Pas une deadline. Un mot qui pousse à se bouger, mais qui garde un petit sourire dans sa poche. Pas mal, pour deux syllabes.
