Définition mitan
Citations
Synonymes
Définition
Mitan (Nom commun)
[mi.tɑ̃] / Masculin
- Moitié.
- Milieu.
- (Argot des voleurs) (Familier) Pègre, milieu, mafia.
Informations complémentaires
Mitan, c’est un mot qu’on entend parfois sans le reconnaître tout de suite, tant il semble venir d’un autre temps ou d’une autre région. Et pourtant, il continue de circuler, surtout dans certaines zones rurales ou dans le langage populaire. Il désigne tout simplement le milieu, le centre, le cœur d’un espace ou d’une période. Mais il le fait à sa manière, avec une sonorité douce et un accent d’oralité qui le distingue de mots plus standardisés comme milieu ou centre.
Dans certaines régions de France, notamment en Bourgogne, en Auvergne ou dans le sud-ouest, mitan a longtemps été d’usage courant. On disait le mitan du pré, le mitan de la semaine, au mitan du jour. Il évoque une localisation précise, sans froideur. Il y a dans mitan une chaleur que n’a pas milieu, un côté vécu, presque sensoriel. Le mot semble s’installer tranquillement dans la phrase, comme s’il connaissait bien le terrain.
Certains diront qu’il a disparu, qu’il fait partie du patrimoine linguistique en voie d’extinction. Ce n’est pas faux, mais ce n’est pas tout à fait vrai non plus. Il arrive encore, de temps en temps, dans les romans, dans les chansons, dans les bouches de ceux qui aiment les mots qui ont une histoire. Mitan n’est pas un terme technique, il n’appartient pas aux dictionnaires scientifiques. Il appartient à la langue vécue, celle des champs, des jours, des saisons.
Il suffit d’écouter certaines chansons de la tradition francophone pour l’entendre ressurgir. Ou de lire des auteurs qui puisent dans les parlers régionaux sans en faire un folklore. Au mitan de l’hiver, ce n’est pas juste une manière de dire au milieu, c’est une manière de ressentir le passage du temps, de marquer une transition douce, presque poétique. Le mot prend son temps, il ne brusque rien.
On peut supposer que ce mot a survécu justement parce qu’il ne cherche pas à s’imposer. Il n’est jamais technique, jamais prétentieux. Il désigne quelque chose de simple, avec une forme rare. Et cette rareté, paradoxalement, le rend précieux. Il y a des mots comme ça : on ne les entend pas souvent, mais ils marquent davantage que ceux qu’on utilise tous les jours.
Dans certaines expressions québécoises ou créoles, mitan a aussi laissé sa trace. Là-bas, il peut prendre des formes légèrement différentes, mais l’idée reste : celle d’un centre, d’un endroit charnière. C’est dire à quel point le mot, malgré son apparente discrétion, a voyagé. Il s’est glissé dans des langues cousines, dans des contextes variés, sans jamais perdre sa couleur d’origine.
Il arrive que certains l’emploient sans même savoir que c’est un mot régional ou ancien. Il sonne bien, il se place naturellement dans une phrase, il n’a pas besoin d’être justifié. Mitan possède cette qualité rare d’appartenir à une mémoire collective sans se faire remarquer. Et peut-être est-ce ce qui lui permet de durer, malgré tout.
Alors oui, le mot n’est pas fréquent dans le langage contemporain standard. Mais il est là, à sa manière, au mitan de deux mondes : celui d’une langue qui se transforme, et celui d’une langue qui se souvient. Il est ce genre de mot qu’on n’apprend pas, mais qu’on retrouve. Comme une voix venue de loin, qui sait encore se faire entendre.
