Définition perso
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Citations
Synonymes
Définition
Perso (Adjectif)
[pɛʁ.so] / Masculin et féminin identiques
- (Familier) Personnel.
Perso (Adverbe)
[pɛʁ.so]
- (Familier) Personnellement.
Perso (Nom commun)
[pɛʁ.so] / Masculin
- (Familier) Personnage.
Informations complémentaires
Le mot perso est un raccourci, une familiarité, une manière de couper dans le gras du mot personnel. Il s’est installé dans la langue parlée, puis dans la langue écrite informelle, sans demander son reste. On le voit partout, dans les textos, les forums, les mails rapides. Il condense une idée en deux syllabes : quelque chose qui m’appartient, qui relève de l’intime ou du ressenti. Un perso, c’est direct. Ça ne passe pas par quatre chemins.
Il y a deux grandes familles d’usage du mot perso. La première, c’est celle du jugement : perso, je trouve ça nul ; perso, j’aime bien. Ici, il s’agit de marquer une opinion individuelle, souvent opposée à un avis plus général. Une manière de s’extraire du consensus ou de poser une nuance sans trop s’engager. L’effet est souvent plus fort qu’il n’y paraît. Ce petit perso au début d’une phrase installe immédiatement une subjectivité assumée, voire revendiquée. C’est moi, rien que moi.
La deuxième famille, c’est celle de l’objet ou de l’espace : adresse perso, ordi perso, compte perso. On désigne ici ce qui n’est pas professionnel, pas public, pas partagé. Ce perso-là délimite une frontière. Il trace une zone privée, une propriété, parfois même un jardin secret. On peut supposer que cette fonction protectrice du mot explique sa longévité. À l’heure où tout se mélange, le perso rétablit une distinction. C’est à moi, c’est pour moi, ce n’est pas pour les autres.
Mais le mot perso n’est pas toujours aussi neutre. Il peut avoir une légère connotation péjorative. Dire d’un style qu’il est “trop perso”, c’est pointer un excès d’intime, voire d’égocentrisme. Le mot devient alors outil de critique, de mise à distance. Il faut un dosage subtil pour qu’il reste sympathique. Trop de perso, et on tombe dans le nombrilisme. Pas assez, et on paraît fade. Il y a un équilibre à trouver, et tout le monde ne l’a pas.
Ce qui est frappant, c’est la manière dont perso a colonisé les sphères numériques. On le retrouve dans les pseudonymes, les bios de réseaux sociaux, les adresses mail. Il donne un ton. Il dit : “ce n’est pas un profil officiel, c’est juste moi”. Il permet de se présenter sans se dévoiler. Il flotte entre l’affirmation et le retrait. Il protège tout en montrant. C’est un mot de surface qui suggère une profondeur. Et cette ambiguïté, on la retrouve souvent dans le langage digital.
Certains utilisent perso comme une stratégie. Il permet de s’exprimer librement sans avoir à justifier. Dire “perso, je pense que...” suffit à désamorcer. On n’a pas besoin d’argumenter longtemps, c’est une opinion, point. Cela peut être agaçant, mais c’est aussi une manière de réaffirmer une individualité dans un flot collectif. On pourrait presque dire que le perso est devenu un bouclier linguistique. On parle depuis soi, pas à la place des autres.
D’un point de vue grammatical, le mot perso n’est pas toujours facile à caser. Il peut être adjectif, nom, adverbe, parfois tout à la fois. Il s’adapte, il se glisse, il contourne les règles. C’est là que réside sa force, sans doute. Il ne prétend pas être académique. Il est né de l’usage, pas de la norme. Il vit dans la langue réelle, celle qui se parle plus qu’elle ne s’écrit. Et même lorsqu’on l’écrit, on sait bien qu’on joue avec un code qui ne figure pas dans les dictionnaires d’école.
Au fond, perso, c’est un mot caméléon. Il n’a pas besoin de majuscules, il ne s’excuse pas d’exister. Il circule dans la langue comme une particule libre. Pas trop sérieux, pas complètement relâché non plus. Il est juste là, utile, souple, reconnaissable. Et tant que les gens auront besoin de distinguer ce qui vient d’eux, ce qui leur appartient, ce qui les concerne... il continuera de trouver sa place.

