Définition rapport

Citations Synonymes Définition
Rapport (Nom commun)
[ʁa.pɔʁ] / Masculin
  • Revenu, produit d’une chose.
  • Compte-rendu d’une activité; témoignage de choses vues ou entendues Récit, témoignage. Il a fait un fidèle rapport de ce qu’il a vu. — Je m’en tiens à son rapport.
  • (Vieilli) Récits qu’on fait, par indiscrétion ou par malignité, de certaines choses que l’on prétend avoir vu faire ou entendu dire. Ajouter foi aux rapports. — On les a brouillés ensemble par de faux rapports.
  • Compte qu’on rend à quelqu’un de quelque chose dont on est chargé.
  • (Militaire) Compte-rendu des diverses opérations effectuées dans l’unité : mutations, punitions, demandes, etc.
  • (Chasse) Compte-rendu de la quête qu’on a faite et du lieu où est la bête qu’on a détournée.
  • (Droit) Exposé qu’un juge fait d’un procès devant les autres juges d’un même tribunal.
  • Exposé dans lequel on rend compte d’un travail, d’un examen particulier fait par un comité, par une commission.
  • Témoignage que rendent, par ordre de justice ou autrement, les médecins, les chirurgiens, les experts.
Informations complémentaires

Le mot rapport est l’un de ces termes si courants qu’on finit parfois par en oublier la richesse. Il traverse les disciplines, les conversations, les registres de langue, comme une sorte de passe-partout intellectuel. On parle d’un rapport entre deux chiffres, d’un rapport entre deux personnes, d’un rapport remis au ministre, d’un rapport sexuel. Le même mot, mille mondes.

D’un point de vue mathématique, un rapport désigne une relation de proportion entre deux grandeurs. C’est presque mécanique, géométrique. Le rapport de un à deux, le rapport de vitesse, le rapport qualité-prix. Il structure la pensée, ordonne, permet de comparer. On s’y réfère souvent sans s’en rendre compte, comme une grille invisible pour lire le réel.

Mais le mot glisse facilement vers d’autres champs. En sociologie, en psychologie, on parle de rapport à l’autorité, de rapport au corps, de rapport à l’autre. Là, on n’est plus dans la mesure, mais dans le lien, parfois dans le conflit. Le mot devient miroir : il révèle nos tensions, nos perceptions, nos failles même. Il ne s'agit plus de chiffres, mais de ressentis.

Dans les interactions humaines, le rapport dit aussi la dynamique, l’équilibre des forces. On sent quand un rapport est sain, et quand il est biaisé. Un rapport de domination, un rapport de dépendance… C’est presque une mise en scène permanente, avec des rôles qui changent selon les contextes. Le mot contient, mine de rien, une part de dramaturgie.

Et puis il y a le rapport écrit : ce document qu’on remet, qu’on attend, qu’on commente. Il peut être lapidaire ou interminable, neutre ou orienté. Il peut enterrer un scandale ou déclencher une réforme. Le rapport, dans ce sens-là, c’est une pièce de théâtre bureaucratique. On y met les formes, mais tout est dans les sous-entendus. Ceux qui en lisent souvent le savent.

Plus trivialement, le mot rapport évoque aussi l’intimité physique. Les rapports sexuels, comme on dit dans les manuels ou les procès-verbaux. Une manière clinique de nommer quelque chose de profondément vivant. Là encore, le mot devient pudeur, distance. Il nomme sans montrer. Et pourtant, il reste exact. Le rapport, dans ce cas, est fusion.

Ce qui est frappant, c’est la souplesse du mot. On peut avoir un rapport au monde, au passé, à son métier. Il ne dit pas ce qu’on pense, il dit comment on se place. Ce n’est pas une opinion, c’est une posture. Et parfois, c’est encore plus parlant. Le mot permet cette nuance : il ne tranche pas, il suggère une relation mouvante.

Dans le langage diplomatique, parler de rapport de force, c’est souvent reconnaître une impasse. On n’est plus dans la collaboration, mais dans le bras de fer. Et là encore, le mot garde son calme. Il décrit, sans juger. Il n’est ni bon ni mauvais. Il dit simplement : voici ce qui lie, ou ce qui oppose.

Il arrive qu’on dise : "je n’ai aucun rapport avec ça", comme pour s’exclure d’un système, d’une faute, d’un passé. Le mot devient alors frontière, affirmation d’indépendance. À l’inverse, dire "j’ai un rapport compliqué avec…" revient à entrouvrir une porte sur une ambivalence. Le rapport devient aveu discret.

Au fond, ce qui rend le rapport si fascinant, c’est qu’il n’existe jamais seul. Il est toujours entre. Entre deux nombres, deux êtres, deux idées, deux silences. Il est ce fil invisible qui relie les choses. Et peut-être qu’on y revient si souvent parce qu’il nous aide à comprendre, ou à ne pas trop comprendre. À rester dans l’entre-deux. Dans le vivant.