Définition ressenti
Citations
Synonymes
Définition
Ressenti (Nom commun)
[ʁǝ.sɑ̃.ti] / Masculin
- Ensemble des choses que l’on ressent, et qui forme l’opinion que l’on a des choses.
Informations complémentaires
Le mot ressenti occupe une place particulière dans notre manière d’exprimer ce qui ne se voit pas. Il ne décrit pas un fait, mais une perception. Une nuance, parfois fugace, souvent intime. Ce qu’on a ressenti ne se mesure pas, ne se prouve pas, mais peut tout changer. Il arrive qu’on n’en parle pas, ou qu’on mette des jours à trouver les mots pour le dire. Il arrive aussi qu’on le dise trop vite, mal, à chaud.
Dans le domaine des émotions, le ressenti est la matière première. Joie, colère, frustration, apaisement : tout commence par une sensation, une tension ou un soulagement, qu’on accueille ou qu’on fuit. Le ressenti n’est pas une opinion, ce n’est pas encore une idée. C’est un point de départ. Une donnée brute, que le mental transforme ensuite en discours, en analyse, parfois en action.
On entend souvent : ce n’est pas ce que j’ai dit, mais ce qu’il ou elle a ressenti. Et là, tout bascule. Parce qu’on comprend que la communication n’est pas linéaire. Ce que l’un exprime n’est jamais reçu tel quel. Il y a un filtre. Une histoire personnelle. Un climat. Et tout cela altère ou colore le message. Le ressenti est le miroir déformant de l’intention. Parfois fidèle, parfois cruel.
Dans le vocabulaire du développement personnel ou de la thérapie, le ressenti est roi. On nous demande de nous reconnecter à nos ressentis, de les accueillir sans jugement, de les verbaliser. Ce n’est pas si simple. Beaucoup ont appris à les ignorer, à les dissimuler, à les anesthésier. D’autres les sur-interprètent. Mais quoi qu’on en pense, ils existent. En sourdine, souvent. Et ils finissent toujours par se manifester.
Le ressenti, c’est aussi ce qu’on perçoit au contact d’un lieu, d’une personne, d’une ambiance. On entre dans une pièce et on sent que quelque chose cloche, ou au contraire, qu’on s’y sent bien. Ce ne sont pas des faits objectifs, ce sont des impressions. Des vibrations, diront certains. Une forme de lecture intuitive du monde, qui échappe aux outils classiques de mesure ou d’explication.
Dans la météo, le mot a pris un sens très concret. Température ressentie, froid ressenti, chaleur ressentie. On indique là que ce que l’on perçoit peut différer des chiffres. Le thermomètre dit 10 degrés, mais avec le vent et l’humidité, on a l’impression qu’il fait 4. C’est assez révélateur : même dans les sciences, on finit par intégrer la subjectivité. Le ressenti, dans ce contexte, devient presque un correctif à la froideur des données.
Il arrive aussi que deux personnes vivent la même situation et en gardent un ressenti diamétralement opposé. L’un se sent trahi, l’autre pense avoir été juste. L’un s’est senti humilié, l’autre croyait plaisanter. Le mot fait souvent surgir des malentendus. Parce qu’il est au croisement du vécu et de l’interprétation. Et qu’on a parfois du mal à faire la part des choses. Pas toujours, non.
Le ressenti peut se loger dans le corps : gorge serrée, estomac noué, mains moites. Avant même de mettre un mot sur ce qu’on traverse, le corps a parlé. Beaucoup de gens n’écoutent plus ces signaux, ou les prennent pour des faiblesses. Pourtant, c’est là que tout commence. Le ressenti physique, bien lu, précède souvent la compréhension mentale. Il faut juste s’y arrêter un instant.
Dans le monde du travail, on commence à reconnaître que le ressenti des collaborateurs compte. Il ne suffit plus que les objectifs soient atteints. Il faut aussi que les gens se sentent bien, entendus, valorisés. Cela reste fragile, bien sûr. Beaucoup préfèrent encore les indicateurs chiffrés. Mais doucement, l’humain revient. Avec ses ressentis, ses ambivalences, ses silences.
Ce mot, ressenti, n’a rien d’anodin. Il dit ce qui affleure, ce qui déborde parfois. Il demande à être respecté, sans forcément être validé. Parce qu’on peut accueillir un ressenti sans y adhérer. Parce qu’il appartient à celui qui le vit, et que nul ne peut le lui enlever. On peut le contester, l’interroger, mais jamais le nier. C’est là toute sa force. Et, souvent, sa difficulté.
