Définition slang

Citations Synonymes Définition
Slang (Nom commun)
[slɑ̃ɡ], [slaŋ] / Masculin
  • (Linguistique) Argot anglophone.
Informations complémentaires

Le mot slang appartient d’abord à la langue anglaise, mais il est désormais largement connu et utilisé, même par des francophones. Il désigne l’argot, ou plus largement un langage familier, populaire, souvent jeune, souvent mouvant, qui s’éloigne de la norme académique pour coller à une culture, une communauté, un moment. Le slang, ce n’est pas seulement des mots, c’est un ton, une couleur, une posture. Une manière de parler pour être dedans, pour ne pas parler comme les autres, ou pour parler à ses autres.

On peut supposer que ce qui rend le slang si vivant, c’est sa nature éphémère. Ce n’est pas une langue figée. C’est une matière vivante, en constante évolution. Ce qui était slang hier peut devenir ringard demain, ou au contraire être absorbé par la langue standard. C’est un réservoir infini d’invention : mots tronqués, inversions, emprunts, déformations phonétiques… tout y passe. Et ce que ça dit, ce n’est pas seulement “comment” on parle, mais “où”, “quand” et surtout “avec qui”.

Il arrive que certains mots de slang deviennent si courants qu’ils finissent par entrer dans les dictionnaires. C’est le destin de beaucoup de termes d’origine afro-américaine dans l’anglais moderne : cool, woke, lit, chill, bae, etc. D’abord rejetés ou moqués, ils finissent par être adoptés par la culture dominante. Et cela raconte quelque chose : le slang est aussi un vecteur de reconnaissance, un lieu de pouvoir symbolique. Parler slang, c’est souvent revendiquer une identité.

Certains diront que le slang appauvrit la langue. Que c’est un langage de fainéants, de jeunes, de marginaux. Mais cette idée ne tient pas longtemps. Le slang est tout sauf pauvre : il est riche d’images, de trouvailles, de double sens, de vitesse. Il ne respecte pas la grammaire ? C’est vrai. Mais il crée du sens autrement. Il joue, il bouscule, il renverse. Il permet aussi de dire ce que la langue “propre” interdit. En ce sens, il est souvent plus subversif, plus direct, plus vrai.

On retrouve du slang dans tous les domaines culturels : rap, stand-up, séries, TikTok, jeux vidéo. Il s’infiltre partout où la parole est vivante. Et comme il naît souvent de communautés spécifiques – noires, latines, queer, pauvres, jeunes –, il devient un marqueur social fort. Comprendre le slang, c’est entrer dans une culture. Ne pas le comprendre, c’est rester dehors. Et cela explique pourquoi il est souvent rejeté par ceux qui n’y ont pas accès.

Il faut noter que le mot slang est parfois utilisé par les francophones pour désigner un registre d’argot bien à part, plus stylisé, plus “américanisé”. On dira : “c’est du slang de rue” ou “c’est du slang US”, pour parler de mots qu’on entend dans les clips ou les séries, et qui ne sont ni vraiment de l’anglais académique, ni traduisibles littéralement. Dans ce cas, le mot lui-même devient une sorte de label culturel.

Il n’est pas rare non plus que des mots de slang soient utilisés hors contexte, pour faire “jeune” ou “cool”. Marques, médias, campagnes publicitaires s’en emparent, parfois maladroitement. Et c’est là que le slang meurt un peu. Car il ne supporte pas d’être récupéré sans le vécu qui l’accompagne. Il fonctionne dans un climat, un rythme, un corps. Sans ça, il sonne faux. Il devient décoratif. Et le slang, par nature, refuse d’être décoratif.

Slang, au fond, est un mot qui parle de la langue quand elle déborde. Quand elle sort des cases. Quand elle vit vraiment. C’est une langue parallèle, instable, mais terriblement expressive. Elle ne cherche pas la légitimité, elle cherche la justesse. Et c’est peut-être ça, sa vraie force. Un mot qui dit : “on parle comme on vit”. Pas comme on devrait.