Définition transi

Citations Synonymes Définition
Transi (Adjectif)
Masculin
  • Engourdi.
  • Dont l’excès de passion rend tremblant et interdit.
Transi (Nom commun)
[tʁɑ̃.zi] / Masculin
  • (Religion) (Histoire) Représentation, du Moyen-âge ou de la Renaissance, d’un cadavre, en train de se décomposer ou non.
Informations complémentaires

Il y a quelque chose d’immédiatement sensible dans le mot transi. Une sensation presque physique. On pense au froid, à ce froid qui traverse, qui pénètre jusqu’à l’os. Un corps figé, une peau de marbre, une immobilité qui n’est pas volontaire. On dit qu’on est transi de froid, et l’image suffit à évoquer une vulnérabilité, un moment suspendu où le corps ne suit plus.

Mais transi ne s’arrête pas là. Il s’infiltre aussi dans l’émotion. Transi d’amour, transi de peur. Le mot devient alors un mélange de trouble, d’attente, de tension presque douloureuse. Il y a dans ce mot une fragilité ancienne. Comme s’il portait le poids d’un sentiment qu’on ne parvient plus à contenir. Pas seulement amoureux, pas toujours noble non plus. Il arrive qu’on soit transi d’angoisse ou transi de honte.

Ce qui frappe, c’est que le mot semble presque daté, mais il survit. On ne l’emploie pas dans les discussions rapides, on ne le jette pas au hasard. Il demande une certaine gravité. On peut supposer qu’il a glissé hors du langage courant, mais il revient dans la littérature, les textes un peu soignés, les récits où l’on veut transmettre quelque chose d’un peu plus profond que l’ordinaire. Et là, transi trouve sa place.

On pourrait croire qu’il est figé, mais il reste souple. Transi peut être un adjectif d’état ou de passage. Il décrit à la fois ce qu’on ressent et ce qu’on traverse. Il ne dit pas "j’ai froid" ou "je tremble", il dit "je suis atteint", "je suis traversé". Ce n’est pas anodin. Il y a comme une perte de contrôle assumée dans ce mot. On ne lutte plus. On subit. C’est ça aussi, être transi.

Certains diront qu’il sonne un peu vieillot, un peu dramatique. Peut-être. Mais il faut bien des mots pour dire l’intensité sans bruit, pour évoquer ce qui fige sans alarmer. Transi fait ça très bien. Il ne crie pas. Il glace. C’est un mot qui ralentit, qui suspend l’élan. On imagine un personnage au bord d’un aveu, d’un effondrement, d’un silence. Et le mot arrive, comme un arrêt sur image.

Dans sa forme, transi porte déjà quelque chose d’achevé. Le participe passé, la fin d’un processus. On n’est pas en train de devenir transi, on l’est déjà. Il y a un avant et un après. Ce n’est pas le frisson, c’est ce qui reste après le frisson. C’est cette immobilité qui s’installe et qui, parfois, dure plus qu’on ne l’aimerait.

Étrangement, on n’utilise jamais ce mot pour quelque chose de joyeux. Il est toujours lié à l’absence, à l’attente, au manque ou à la tension. On est transi de froid, transi d’un désir qui n’aboutit pas, transi d’un chagrin trop longtemps contenu. Ce n’est pas un mot heureux. Mais c’est un mot juste. Il nomme ce qui fige sans tuer.

Et dans un monde où tout va vite, où les émotions sont souvent réduites à des expressions brèves, des sigles ou des émoticônes, transi garde sa densité. Il oblige à ralentir, à regarder ce qui se passe à l’intérieur. Il a une élégance discrète, une gravité simple. Un mot qu’on lit, qu’on ressent, qu’on n’oublie pas si facilement.