Définition tune

Citations Synonymes Définition
Tune (Nom commun)
[tyn] / Féminin
  • (Argot) Variante orthographique de thune.
Tune (Nom commun)
[tyn] / Féminin
  • Assemblage fait avec des pieux et des branches d’arbres en forme de claies, pour empêcher la terre de s’ébouler, ou pour protéger les berges d’une rivière.
Informations complémentaires

Difficile d’évoquer le mot tune sans sentir, même brièvement, l’écho d’une époque où les billets de banque avaient une odeur. Ce terme d’argot est l’un des plus anciens et des plus vivaces pour désigner l’argent, de manière familière, presque affective parfois. Une tune, des tunes… On ne parle pas ici de finance, mais de ce qu’on a dans les poches. Ou de ce qu’on n’a pas.

Il y a quelque chose de cash dans le mot tune. On ne l’emploie pas dans une phrase administrative, ni dans un contrat. Il surgit entre amis, dans la rue, dans une chanson de rap ou une conversation volée dans un bus. Il n’est pas vulgaire, mais il est brut. Il dit ce qu’il y a à dire sans détour. Pas besoin de définition savante : tout le monde comprend ce que ça veut dire.

Certains diront que tune a un petit parfum des années 80 ou 90, mais c’est faux. Il revient, il circule, il ne meurt pas. Parce que le mot est simple, pratique, et sans prétention. Il ne cherche pas à habiller l’argent de morale. Il le nomme, c’est tout. On peut manquer de tunes, gagner des tunes, flamber ses tunes. Le mot s’adapte à toutes les situations, tant que le contexte reste quotidien, vécu.

Ce qui frappe, c’est la charge affective que tune peut parfois porter. On entend des phrases comme “j’ai pas une tune” dites avec une lassitude qui dépasse le simple manque. C’est l’expression d’une impuissance provisoire, d’un système dans lequel on court toujours après quelque chose. Le mot devient alors une façon de résumer la tension entre survie et envie. Ça dit beaucoup pour un mot de cinq lettres.

Et puis tune a aussi une valeur presque théâtrale. Il colore la phrase, il la rend plus vivante. On dira rarement “je n’ai plus d’argent” à voix haute dans une conversation rapide. Trop plat, trop rigide. Dire “plus une tune” laisse passer quelque chose de plus viscéral. Moins élégant, peut-être, mais plus vrai. Le mot claque, et c’est pour ça qu’on l’aime.

On peut remarquer aussi que tune est devenu un marqueur social. Tous les milieux ne l’utilisent pas, ou pas avec la même fréquence. C’est un mot qu’on entend davantage chez les jeunes, ou dans des contextes où l’argent est un sujet concret, pas abstrait. Là où on compte les pièces, pas les dividendes. Tune appartient au réel, pas au symbole.

Il arrive que certains l’écrivent avec un “e” final muet, par habitude ou par style. Ce n’est pas gênant. L’oral a toujours eu un coup d’avance sur l’écrit. Et tune, au fond, c’est un mot de bouche, pas de plume. Il vit dans les échanges rapides, les petites phrases jetées comme des pièces sur un comptoir. Il ne demande rien d’autre que d’être entendu.

Alors oui, le mot tune n’est pas noble. Ce n’est pas son rôle. Il est utile, précis, et ancré. Tant que l’argent fera tourner le monde, il y aura besoin de mots comme celui-là. Des mots qui disent ce que d’autres taisent, avec moins de manières mais plus d’impact.