Définition 4B

Le mouvement 4B est un phénomène féministe radical né en Corée du Sud en réponse aux normes patriarcales profondément enracinées dans la société. Son nom, 4B, découle de quatre refus majeurs : Bihon (refus du mariage), Bichulsan (refus de la maternité), Biyeonae (refus des relations amoureuses hétérosexuelles) et Bisekseu (refus des relations sexuelles avec les hommes). Ces refus symbolisent une rupture totale avec les attentes sociales traditionnelles qui pèsent sur les femmes. Né autour des années 2010, ce mouvement est une réaction face aux inégalités de genre, aux violences patriarcales et à la pression culturelle imposée aux Sud-Coréennes.

La société sud-coréenne reste marquée par des attentes sociales et culturelles très rigides à l’égard des femmes. Les militantes du 4B dénoncent le poids du mariage traditionnel, qui les contraint souvent à abandonner leur carrière pour assumer le rôle de femme au foyer. Le mouvement prend aussi racine dans un contexte de harcèlement généralisé, de revenge porn et d’un taux élevé de féminicides en Corée du Sud. Les scandales récents, comme ceux des cambriolages numériques de toilettes pour femmes, ont renforcé la colère et la détermination des militantes à s’éloigner des relations hétérosexuelles et du schéma de vie traditionnel.

Le 4B est ainsi devenu un acte de résistance féministe et de libération personnelle. En refusant le mariage et la maternité, les femmes du mouvement cherchent à se réapproprier leur liberté et à dénoncer un système qui les opprime économiquement et socialement. Ce mouvement dépasse le cadre individuel : il s’agit d’une critique plus large des structures patriarcales, du capitalisme et des rôles genrés imposés aux femmes.

Progressivement, le mouvement 4B a commencé à traverser les frontières. Bien que ses origines soient ancrées en Corée du Sud, le mouvement a trouvé un écho en Occident, notamment aux États-Unis. La montée en puissance des débats autour de la charge mentale, des droits reproductifs et des normes patriarcales dans les relations amoureuses a suscité un intérêt croissant pour les principes du 4B. De nombreuses femmes occidentales partagent désormais des préoccupations similaires, et certaines commencent à adhérer à cette démarche de refus pour se réapproprier leur autonomie.

Aux États-Unis, des mouvements comme le « childfree movement » (refus de la maternité) ou encore les approches critiques des relations amoureuses hétéronormées montrent des similitudes avec le 4B. Les militantes dénoncent le fait que le mariage et la parentalité restent souvent des attentes imposées, créant des inégalités systémiques entre les hommes et les femmes. Des plateformes numériques et des groupes sur les réseaux sociaux relayent ces discours et élargissent la portée du mouvement à une audience internationale.

Le 4B ne se contente plus d’être un simple mouvement social ; il devient une philosophie de vie pour certaines femmes. En se retirant volontairement des relations hétérosexuelles et des schémas traditionnels, elles affirment leur désir de vivre pour elles-mêmes, hors des contraintes culturelles ou économiques. Cette démarche permet également de mettre en lumière les violences structurelles et de revendiquer un modèle de vie plus libre et autonome.

En conclusion, le mouvement 4B est né en Corée du Sud comme une réaction à des oppressions patriarcales mais s’étend désormais vers l’Occident, notamment aux États-Unis, où des dynamiques similaires émergent. Ce phénomène mondial traduit une volonté de repenser les rôles genrés, de critiquer les injonctions sociétales et de redéfinir les modèles de réussite pour les femmes. Le 4B pose ainsi une question fondamentale : dans quelle mesure peut-on réinventer des structures de vie plus égalitaires et affranchies des contraintes traditionnelles ?