Définition III

III. Trois barres verticales, sobres, presque primitives. Le chiffre romain III ne semble pas exiger d’explication tant il paraît évident. Et pourtant, derrière cette simplicité apparente, se cache un système de numération vieux de plus de deux millénaires. Il ne s’agit pas d’un simple “trois”, mais d’un fragment de civilisation. Les chiffres romains ne comptent pas seulement, ils racontent aussi.

On peut supposer que ce III fut l’un des premiers à être appris et utilisé par les enfants de Rome, comme le sont aujourd’hui les premiers nombres en maternelle. Une barre, deux barres, trois barres. Il y a là quelque chose d’organique, de tactile. Le geste de tracer ces lignes droites sur une tablette ou un parchemin précède parfois même la compréhension abstraite du nombre. On écrit III avant même de penser “trois”.

Ce chiffre a traversé les siècles sans prendre une ride. On le retrouve dans les horloges, les tomes de livres, les noms de rois : Louis III, Philippe III, Charles III. Il marque la continuité, inscrit dans la pierre ou la mémoire une idée de succession. On ne le prononce pas toujours, mais on le reconnaît immédiatement. Et cela suffit à faire sens.

Dans les jeux vidéo ou les films, III marque souvent un troisième épisode, une suite attendue. Il y a une solennité discrète à cette numérotation : un III, ce n’est plus un brouillon, ce n’est plus une suite hésitante. C’est une trilogie. On sent poindre une forme d’équilibre. Comme si trois était le bon nombre pour former une structure, un rythme, un arc complet.

Il arrive que certains se demandent pourquoi les chiffres romains persistent alors que les chiffres arabes sont si largement utilisés. La réponse tient peut-être à leur pouvoir symbolique. III évoque un ordre ancien, une verticalité stable. Il ne se confond pas avec autre chose. Il est lisible partout, même sans connaissance poussée. Et son esthétique rassure, dans un monde de courbes et de pixels.

Il faut aussi se souvenir que les chiffres romains ne fonctionnent pas comme nos chiffres modernes. Ils ne reposent pas sur le principe de position. Chaque lettre a une valeur fixe, et le calcul demande une gymnastique particulière. III est encore simple, mais dès que l’on dépasse cinq ou dix, l’affaire se corse. Le trois, lui, reste pur, clair, sans soustraction ni combinaison.

On croise III aussi dans certains rituels, certaines formules. Trois coups au théâtre. Trois vœux dans les contes. Trois branches dans le trident. Ce n’est pas spécifique aux Romains, mais III en devient un symbole presque universel. Un chiffre de rythme, de respiration. Ni trop peu, ni trop. Le juste milieu de l’accumulation.

En somme, III n’est pas juste un nombre romain. C’est une trace. Une empreinte minérale dans la grande histoire des signes. Trois traits droits, alignés, et tout est dit : quantité, ancienneté, autorité. Ce n’est pas un chiffre parmi d’autres. C’est le chiffre qui tient debout. Trois piliers. Trois lignes. Et parfois, cela suffit à tenir un monde.