Définition autre

Citations Synonymes Définition
Autre (Adjectif indéfini)
[otʁ] / Masculin et féminin identiques
  • Adjectif marquant que les personnes ou les choses dont on parle sont différentes de celles dont on vient de parler.
  • S’emploie également par opposition à un ou une pour distinguer deux êtres ou deux choses ou bien encore deux groupes d’êtres ou de choses déterminés ou indéterminés.
  • Nous autres, vous autres, se dit au lieu de « nous, vous », quand, à propos de tel ou tel fait, on veut distinguer plus précisément ceux qui parlent ou ceux à qui l’on s’adresse de ceux qui sont présents ou absents et marquer une opposition entre eux.
  • L’un vaut l’autre, ils sont aussi bons, aussi mauvais l’un que le second.
  • Qui voit l’un voit l’autre, il n’y a pas de différence entre les deux.
  • C’est tout un ou tout autre, c’est tout l’un ou tout l’autre, il n’y a point de milieu, il n’y a point à choisir entre les deux propositions qui sont faites.
  • L’un dans l’autre, l’un portant l’autre, en compensant l’un avec l’autre.
  • Supérieur en mérite, plus important, de plus grande conséquence.
  • Se dit aussi dans le sens de « second », pour exprimer la ressemblance, l’égalité, la conformité qu’il y a entre deux personnes ou entre deux choses.
  • S’emploie aussi pour remplacer "une personne quelconque" différente de celui qui parle.
  • Autrui.
  • (Populaire) On.
  • S’emploie pour faire entendre que l’on ne croit pas aux paroles de quelqu’un et pour lui témoigner une sorte de mépris.
Informations complémentaires

Le mot autre semble simple, presque transparent. Pourtant, il contient toute une philosophie. Il désigne ce qui n’est pas soi, ce qui échappe, ce qui se tient en face — ou à côté, ou ailleurs. Il suffit de l’entendre dans une phrase pour que tout se dédouble : il y a moi, et puis l’autre. L’autre personne, l’autre option, l’autre version. Ce n’est jamais neutre.

On peut supposer que l'autre effraie autant qu’il fascine. Dès qu’on le nomme, on trace une frontière. Il y a les miens, et les autres. Mon idée, et une autre. Ce n’est pas qu’un mot pratique, c’est un mot politique, intime, parfois dérangeant. Certains y verront une ouverture, d’autres une rupture. L'autre introduit de la distance, mais aussi du possible.

Il arrive qu'on l’utilise sans y penser : "tu veux une autre part ?" ou "dans une autre vie." Là encore, derrière la banalité, une glissade. Le mot fait surgir une alternative. Il suppose que ce qui est n’épuise pas ce qui pourrait être. C’est peut-être pour cela qu'on le croise si souvent dans les récits, les rêves, les regrets.

Certains diront que l’autre n’est pas toujours humain. On parle d’un autre temps, d’un autre lieu, d’une autre logique. Le mot est capable d’englober tout ce qui échappe à notre système immédiat. Il flotte, il glisse. Il nomme ce qui diffère, sans forcément le définir. C’est une désignation souple, presque fuyante, et c’est ce qui la rend si puissante.

Dans la langue, il se décline sous toutes les formes : masculin, féminin, singulier, pluriel. Il devient pronom, adjectif, parfois presque adverbe. "L’un après l’autre", "les uns et les autres", "d’un autre côté". Chaque tournure ajoute une nuance, une inflexion. On passe d’un écart logique à un glissement affectif, sans vraiment changer de mot.

On pourrait croire que l’autre est toujours extérieur. Pourtant, il existe des parts d’autre en soi. On dit parfois : "je ne me reconnais plus, je suis un autre". Ce déplacement intime, cette dissonance légère, montre bien que le mot ne désigne pas uniquement ce qui est hors de portée. Il est aussi une manière de dire le décalage, la métamorphose.

Dans les débats sociaux ou philosophiques, l'autre devient figure. L’autre culture, l’autre genre, l’autre classe. Il est au cœur des réflexions sur l’identité, sur la relation, sur l’éthique. On l’invoque pour penser la tolérance, la peur, le désir. Il ne s’agit plus simplement d’un mot pratique, mais d’un outil pour nommer la différence sans l’effacer.

Et puis parfois, on n’a pas les mots. Alors on dit juste "l'autre", avec un soupir, un silence derrière. C’est vague, mais c’est assez. L'autre prend alors le visage qu’on veut bien lui donner. Il devient flou, mais pas vide. On sent qu’il y a quelque chose, ou quelqu’un, qu’on n’a pas fini de comprendre.