Définition haï
Citations
Synonymes
Définition
Haï (Adjectif)
[a.i] / (h aspiré)/a.i/
- Détesté, abhorré, exécré, honni.
Informations complémentaires
Le mot haï est le participe passé du verbe haïr, un verbe qu’on utilise moins qu’on ne le croit. Il semble vieux, raide, un peu théâtral parfois, et pourtant il dit quelque chose de très simple : détester profondément. Être haï, c’est être rejeté, honni, repoussé avec force. Et pourtant, on le rencontre souvent dans les romans, les discours, ou même dans des contextes très modernes. Parce que la haine, elle, ne vieillit pas.
Il y a dans haï une brutalité presque sèche. Le mot est bref, tranchant, il ne prend pas de détour. Deux lettres et une voyelle accentuée, comme une gifle phonétique. On peut supposer que cette forme si abrupte, presque nue, participe à sa puissance. On dit “cet homme est haï”, et tout est dit. Il n’est pas juste mal aimé, il est rejeté avec une force silencieuse. Et cette force passe souvent par ce mot.
Il arrive qu’on n’ose pas l’employer. Dire que quelqu’un est haï, c’est lourd. C’est reconnaître l’existence d’un rejet collectif ou viscéral. Le mot porte en lui une intensité que peu d’autres égalent. Il n’est pas question ici d’une simple antipathie. Celui qui est haï l’est profondément, durablement. Pas toujours à cause de ses actes, parfois juste parce qu’il dérange. On ne choisit pas d’être haï, pas toujours.
Ce mot a une dimension tragique. Il est souvent employé dans des récits de pouvoir, de guerre, de trahison. Les tyrans sont haïs, les traîtres aussi, parfois même les héros. Parce qu’il y a toujours un moment où un être, malgré ses raisons, suscite une aversion irrépressible. On le voit dans la littérature, dans l’Histoire, dans les films aussi. Le mot haï devient alors un marqueur. Il imprime une couleur sombre à celui qu’il désigne.
Mais haï peut aussi s’employer de façon intime. On parle d’un parent haï, d’un ancien ami devenu ennemi, d’un amour qui tourne au ressentiment. Ce haï-là est plus discret, plus douloureux peut-être. Il n’est pas public, il ronge en silence. Il y a des gens qu’on a haïs, et qu’on aime encore un peu. Ou qu’on déteste pour de bon, sans retour. Le mot devient alors personnel, lourd d’émotion contenue.
Grammaticalement, haï est particulier. Il conserve son tréma même au masculin singulier, ce qui est rare. Ce détail graphique intrigue souvent. On pense que le tréma est réservé au féminin ou au pluriel. Mais non. Haï garde son accent, pour bien signaler que le “i” se prononce, qu’il ne fusionne pas avec le “a”. C’est une question de son, de rythme, presque de respiration. Le mot impose qu’on le dise jusqu’au bout.
Il y a aussi cette étrangeté : haïr est un verbe qu’on conjugue peu. On dit souvent “je déteste”, “je ne supporte pas”. Mais haïr, et donc haï, restent dans une zone plus dramatique, plus rare. Ce n’est pas un mot de tous les jours, et c’est peut-être pour ça qu’il frappe quand il surgit. Il vient comme une lame. Froid, précis. On ne le choisit pas à la légère. Il reste un mot de l’extrême, ou du moins de l’intensité.
Et pourtant, malgré sa violence, haï fait partie du paysage. Il existe, il s’impose quand il le faut. Dans une phrase, il agit comme une alarme. Quelque chose a été franchi. Un seuil, un point de non-retour. Le mot reste court, mais son écho est long. Ceux qui ont été haïs le savent, parfois sans qu’on leur dise. Le mot peut ne jamais être prononcé, mais il plane. Et une langue qui sait nommer cette haine a, malgré tout, une forme de lucidité.
