Définition mirliflore
Citations
Synonymes
Définition
Mirliflore (Nom commun)
[miʁ.li.flɔʁ] / Masculin
- (Familier) Jeune homme qui se pique d’élégance, qui fait l’agréable, qui cherche à briller.
Informations complémentaires
Le mot mirliflore a ce charme un peu désuet des expressions qu’on croit oubliées, mais qui claquent encore avec élégance quand on les emploie à bon escient. Il désigne un homme coquet, maniéré, qui attache une importance excessive à son apparence et à ses manières. Mais contrairement à d’autres termes plus acides, mirliflore n’est pas vraiment une insulte. Il est moqueur, certes, mais avec une pointe de tendresse ou d’ironie légère. On imagine tout de suite un personnage de théâtre, un dandy enrubanné, un faiseur de mines plus soucieux de son reflet que du fond.
Il arrive qu’on associe le mirliflore au XVIIIe ou XIXe siècle, époque des salons, des redingotes bien taillées et des souliers vernis. Le mot a ce parfum-là : celui de la pose, de la vanité stylisée, du geste un peu trop étudié. Il ne s’agit pas simplement d’un homme élégant, mais d’un homme qui en fait trop. Certains diront que le mirliflore est l’ancêtre du métrosexuel ou de l’influenceur lifestyle, en plus théâtral. Il cherche à plaire, mais il cherche surtout à se montrer.
On peut supposer que l’origine du mot n’est pas entièrement claire. Il s’agit probablement d’un mot-valise ou d’une invention moqueuse issue de l’argot ou du théâtre, mêlant la sonorité précieuse de mire (regard) à la légèreté florale, presque futile, d’un fleur ou d’un flore. Le mot en lui-même est presque une caricature sonore. Il sonne comme un personnage de comédie : “Ah, ce mirliflore, avec ses gants de chevreau et ses airs entendus…” Il ne demande qu’à être prononcé à voix haute.
Le mirliflore n’est pas méchant. Il peut même être sympathique, s’il est conscient de sa propre mise en scène. Il plaît souvent plus aux femmes qu’aux hommes, justement parce qu’il n’est pas dans une virilité brute mais dans une séduction construite. Parfois maladroite, parfois ridicule. Il cherche à briller, parfois trop fort, et c’est là que le mot glisse dans la moquerie. Il ne s’agit pas d’un jugement moral, mais d’un constat esthétique : le mirliflore en fait des caisses.
Il n’est pas rare que le mot serve aujourd’hui à teinter une description d’un humour un peu littéraire, un peu rétro. On dira d’un homme trop apprêté, un peu précieux dans ses gestes, qu’il fait son mirliflore. Ce n’est pas une expression que l’on lance en pleine rue, mais elle fait toujours son effet dans un texte, une réplique, un dialogue bien écrit. Elle ajoute du relief, du ton. Et surtout, elle amuse. Le mot n’est pas commun, mais il est expressif. Il évoque toute une scène rien qu’à lui seul.
Certains rapprochent le mirliflore du fat, du précieux, du poseur, mais le mot garde une couleur à part. Moins agressif, moins tranchant. On sent bien que le mirliflore ne fait pas peur. Il dérange à peine. Il amuse, il lasse parfois, mais il n’impose rien. C’est une silhouette décorative, un acteur secondaire dans la pièce, mais un acteur dont on se souvient. Parce qu’il est trop, justement.
Dans un monde qui valorise de plus en plus la spontanéité brute, la vérité nue, le mirliflore fait presque figure de résistance. Il cultive l’artifice, il s’habille pour être vu, il compose son personnage au quotidien. Et cela peut sembler dérisoire. Ou bien courageux. Il y a dans le mirliflore quelque chose d’oublié : le goût du détail, du style, du jeu. Il ne cherche pas à convaincre. Il cherche à exister joliment.
Au fond, mirliflore est un mot rare mais savoureux, un mot de plume, un mot de scène. Il ne décrit pas un type social aussi clairement qu’un dandy ou un dragueur. Il désigne une manière d’être, un excès d’élégance ou de pose, une façon de se tenir entre le ridicule et le raffinement. Et c’est cette zone grise, entre charme et vanité, qui le rend si intéressant à manier. Un mot à garder sous la langue, prêt à jaillir quand la silhouette s’y prête.
