Définition réaction
Citations
Synonymes
Définition
Réaction (Nom commun)
[ʁe.ak.sjɔ̃] / Féminin
- (Physique) Action d’un corps sur un autre qui agit ou vient d’agir sur lui.
- (Chimie) Modifications d’ordre chimique résultant de l’action d’un corps sur un autre.
- (Physiologie) Action de l’organisme en réponse à une excitation quelconque.
- (Courant) Émotion que provoque un reproche, une menace, une nouvelle heureuse ou fâcheuse, etc.
- (Politique) Mouvement d’opinion qui agit dans un sens contraire au mouvement qui a précédé.
- (En particulier) Action d’un parti politique qui s’efforce de rétablir l’état de choses antérieur.
- (En particulier) (Par ellipse) Ce parti lui-même.
- (Équitation) Chacun des mouvements plus ou moins vifs et brutaux d’un cheval, et chacune des secousses que ces mouvements font éprouver au cavalier.
Informations complémentaires
Le mot réaction est si courant qu’on oublie parfois sa complexité. Il désigne à la fois une réponse du corps, un sursaut de l’esprit, une prise de position ou même une idéologie. Il traverse les disciplines, les époques, sans jamais perdre sa nervosité. Une réaction, ce n’est pas juste une suite, c’est souvent un choc, un rebond. Comme si tout événement, tout mot, tout geste appelait forcément un contre-mouvement, même minime.
Dans la langue du quotidien, réaction s’emploie à tout va : "sa réaction m’a surpris", "il faut une réaction rapide", "aucune réaction du public". Et chaque fois, on attend quelque chose de visible, de mesurable. Le mot impose presque une attente. Ne pas réagir, c’est se taire, se figer, rater le moment. Alors on réagit. Par automatisme, parfois par nécessité. Sans même avoir le temps de réfléchir. C’est la nature du mot, peut-être, d’imposer l’urgence.
Mais une réaction peut être lente aussi. On parle de réaction chimique, de processus qui prennent du temps, qui transforment la matière en silence. Ce n’est pas toujours un claquement de porte ou un coup de poing sur la table. Il arrive que la réaction soit intérieure, enfouie, invisible. Pourtant, elle existe. Le mot ne dit pas tout haut ce qu’il provoque. Il s’infiltre. Et il change ce qu’il touche.
En politique, le mot a un goût d’ancien régime. La Réaction désigne ceux qui veulent revenir en arrière, restaurer un ordre d’avant. Il y a dans ce sens une volonté de résistance, mais aussi un parfum de passé. On peut supposer que le mot garde ici une forme de rigidité. Il ne s’agit plus d’un réflexe, mais d’un refus. D’une posture. Ceux qui incarnent la réaction ne bougent pas : ils tiennent. Ils opposent.
Face à l’émotion, la réaction devient langage. Un visage qui se ferme, des mains qui tremblent, une voix qui monte. On ne choisit pas toujours ses réactions. Elles nous précèdent. Elles nous trahissent parfois. Et pourtant, elles sont attendues. On juge quelqu’un à sa réaction. À son sang-froid. À son silence. À son explosion. C’est injuste, mais c’est ainsi. Le mot devient alors une grille. Une lecture. Une interprétation.
Il y a des réactions qui sauvent. D’autres qui détruisent. Dans l’urgence, le corps peut réagir plus vite que l’esprit. Un freinage, un pas de côté, une esquive. Et puis parfois, trop tard. La réaction n’est pas venue. Ou mal venue. C’est une affaire de secondes. Le mot se charge alors de culpabilité. On aurait dû. On aurait pu. Mais on n’a pas réagi comme il fallait. Ou pas à temps. Et le mot pèse lourd.
Dans les débats, la réaction prend la forme d’un commentaire, d’une réplique, d’un tweet. Elle se fait immédiate, publique, partagée. On n’attend plus pour réagir. On sur-réagit. C’est presque une course. À celui qui parlera le plus vite. Mais cette vitesse vide parfois le mot de sa substance. On ne réagit plus à ce qui est dit, mais à ce qu’on projette. On s’enferme dans un jeu de miroirs où la réaction devient réflexe plus que réflexion.
Et pourtant, il reste quelque chose de vital dans le fait de réagir. Ce n’est pas toujours noble, ni réfléchi, mais c’est un signe de vie. Même une mauvaise réaction en dit long. Sur un corps, une époque, une société. Le mot pulse. Il ne dit jamais la fin, juste le mouvement. Et il faut bien avouer qu’on attend toujours une réaction, même quand on prétend ne rien attendre. C’est plus fort que soi.
