Définition apartheid

Citations Synonymes Définition
Apartheid (Nom commun)
[a.paʁ.tɛjd] / Masculin
  • Développement séparé de la population d’un pays, sur une base raciale.
  • Système politique permettant l’oppression d’un groupe sur une base raciale, notamment en Afrique du Sud.
Informations complémentaires

Le mot apartheid désigne un système politique de ségrégation raciale institutionnalisée, appliqué en Afrique du Sud de 1948 à 1991. Le terme vient de l’afrikaans et signifie littéralement "séparation" ou "mise à part". Il s’agit d’un régime qui visait à organiser la société selon des critères raciaux, en séparant strictement les populations blanches, noires, métisses et indiennes sur tous les plans : résidentiel, scolaire, professionnel, politique et même amoureux.

L’apartheid fut mis en place par le Parti national sud-africain après sa victoire électorale en 1948. Bien que des discriminations raciales existaient déjà auparavant, ce régime les a codifiées et renforcées par une série de lois, interdisant par exemple les mariages interraciaux, réservant certains quartiers aux Blancs, et limitant drastiquement les droits des Noirs. Ces derniers étaient souvent cantonnés dans des "bantoustans", des territoires sous-développés censés être leur patrie, mais qui servaient surtout à les exclure de la citoyenneté sud-africaine.

Sous l’apartheid, la majorité noire – pourtant démographiquement dominante – était privée de droit de vote, d’accès égal à l’éducation, à la propriété et à l’emploi. Les services publics (transports, écoles, hôpitaux) étaient séparés et inégalitaires. Le système visait à maintenir la suprématie blanche en concentrant les richesses, les terres et le pouvoir politique dans les mains de la minorité blanche, tout en légitimant cette domination par des discours paternalistes ou pseudo-scientifiques.

Dès les années 1950, ce système a été vigoureusement contesté à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Des mouvements comme l’African National Congress (ANC), fondé en 1912, ont mené une lutte de plus en plus active contre l’apartheid, d’abord pacifique, puis armée. Des figures comme Nelson Mandela, Oliver Tambo ou Steve Biko sont devenues les symboles de cette résistance, payant souvent de leur liberté, voire de leur vie, leur engagement pour l’égalité.

À l’international, l’apartheid a suscité une condamnation croissante, notamment à partir des années 1960. L’ONU a voté plusieurs résolutions dénonçant ce régime, des sanctions économiques ont été imposées, et de nombreux artistes, intellectuels ou sportifs ont boycotté l’Afrique du Sud. Le pays s’est retrouvé isolé sur la scène internationale, ce qui a contribué, avec les mouvements internes, à l’effondrement progressif du système.

La fin de l’apartheid a commencé à se dessiner dans les années 1980, sous la pression des révoltes populaires, des grèves, et d’une économie en crise. En 1990, Nelson Mandela est libéré après 27 ans de prison. En 1991, les dernières lois ségrégationnistes sont abrogées. Et en 1994, l’Afrique du Sud organise ses premières élections multiraciales, qui voient la victoire de l’ANC et l’élection de Mandela comme président, marquant la fin officielle de l’apartheid.

Aujourd’hui encore, les séquelles de l’apartheid sont visibles en Afrique du Sud. Les inégalités économiques, l’accès à la santé, à l’éducation, au logement, restent marqués par la couleur de peau. La Commission Vérité et Réconciliation, présidée par l’archevêque Desmond Tutu, a tenté de réparer les blessures par la reconnaissance des crimes commis, mais la réconciliation reste un processus lent et inachevé.

Le mot apartheid a aussi dépassé son contexte sud-africain pour devenir un terme symbolique et politique, utilisé pour désigner d’autres situations de séparation et de discrimination systématique dans le monde. Il est parfois invoqué dans des débats contemporains, à tort ou à raison, pour qualifier des régimes ou des politiques jugés profondément inégalitaires. Dans ce sens, il est devenu un mot puissant, chargé d’histoire et d’émotion, utilisé avec précaution.

En résumé, l’apartheid désigne à la fois un système historique spécifique et une forme de ségrégation extrême devenue symbole d’injustice institutionnelle. Son étude est essentielle pour comprendre comment des lois peuvent légitimer la haine, mais aussi comment les peuples peuvent, par la lutte, la solidarité et le courage, renverser l’ordre établi et reconstruire une société plus juste. C’est un mot qui continue de résonner comme un avertissement et un appel à la vigilance.