Définition infibuler

Le mot infibuler désigne une pratique consistant à coudre ou fermer partiellement les organes génitaux externes, généralement féminins, dans le but de contrôler la sexualité. C’est un terme fort, à la fois médical, anthropologique et chargé d’une lourde signification culturelle et éthique. L’infibulation fait partie des mutilations génitales féminines (MGF), considérées aujourd’hui comme une violation grave des droits humains, notamment des droits des femmes et des enfants.

Historiquement, le mot vient du latin infibulare, qui signifiait littéralement "mettre une fibule", c’est-à-dire une attache métallique (comme une agrafe ou une broche), utilisée à l’époque romaine pour fermer un vêtement ou un orifice. Dans certaines sociétés antiques, on pratiquait aussi une forme d’infibulation chez les esclaves ou les jeunes hommes, avec un anneau traversant le prépuce, pour empêcher les rapports sexuels. Mais le terme est aujourd’hui principalement associé aux mutilations sexuelles féminines.

Dans sa forme la plus sévère, l’infibulation consiste à retirer les parties externes du sexe féminin (clitoris, petites lèvres, parfois grandes lèvres), puis à recoudre ou rapprocher les bords restants, ne laissant qu’un petit orifice pour l’urine et les menstruations. Cette opération est souvent pratiquée sans anesthésie, dans des conditions sanitaires précaires, et peut entraîner des complications graves : infections, douleurs chroniques, stérilité, difficultés à accoucher, voire la mort.

Cette pratique est illégale dans de nombreux pays, mais elle subsiste dans certaines régions du monde, souvent justifiée par des motifs culturels, religieux ou sociaux. On l’associe à la pureté, la virginité, l’honneur familial, et elle est parfois considérée comme un rite de passage à l’âge adulte. Pourtant, aucune religion ne la prescrit explicitement, et de nombreux chefs religieux et communautés militent aujourd’hui pour son abandon définitif, dénonçant ses conséquences dévastatrices.

L’usage du mot infibuler dans le discours contemporain est donc très chargé émotionnellement. Il n’est pas neutre, ni banal. Il renvoie à une réalité douloureuse et controversée, qui soulève des questions complexes : respect des traditions vs. droits fondamentaux, protection des enfants vs. autodétermination culturelle. Il est souvent utilisé dans des contextes juridiques, médicaux, ou militants, pour informer, sensibiliser, dénoncer.

Dans les débats publics, le terme infibulation est parfois confondu avec l’excision, qui consiste à retirer le clitoris sans refermer l’orifice. L’infibulation est en réalité la forme la plus extrême des mutilations sexuelles féminines. Ces distinctions sont importantes sur le plan médical et juridique, mais toutes les formes de MGF sont aujourd’hui condamnées par les grandes institutions internationales, comme l’ONU ou l’OMS, qui les classent parmi les violences faites aux femmes et aux filles.

En résumé, le mot infibuler désigne une pratique ancestrale et violente, encore trop présente dans certaines régions du monde, et aujourd’hui largement dénoncée pour ses conséquences physiques, psychologiques et symboliques. C’est un mot à manier avec prudence et conscience, car derrière ses syllabes techniques, il porte la souffrance de millions de femmes, et le combat toujours actuel pour leur liberté, leur intégrité, leur dignité.