Définition langueyer



Langueyer (Verbe)
[lɑ̃.ɡe.je] / Transitif 1er groupe
  • Examiner la langue d’un porc pour voir s’il est sain ou ladre.
  • Garnir de languettes un instrument de musique (tuyaux d'orgue).
Informations complémentaires

Le verbe langueyer est un mot ancien, aujourd’hui très peu utilisé, voire considéré comme vieilli ou poétique. Il provient du latin languere, qui signifie "être abattu", "s’étioler", "manquer de vigueur". En français classique, langueyer signifiait dépérir d’amour, perdre des forces, se consumer de tristesse ou de désir. Il appartient à cette famille de verbes délicats qui traduisent l’abandon, la langueur et l’attente douloureuse. Par son étymologie et sa musicalité, le mot évoque quelque chose de doux, lent, mais aussi profondément mélancolique.

Employé notamment dans la poésie du Moyen Âge ou de la Renaissance, langueyer servait à décrire l’état d’une personne accablée par l’absence, la nostalgie ou l’amour non réciproque. On disait qu’un amant "langueyait" de ne point revoir sa dame, ou qu’un cœur langueyait sous le poids du silence. Ce verbe peint une souffrance raffinée, presque précieuse, qui se distingue du simple chagrin : on langueye comme on s’efface doucement, lentement, en silence, sans éclat.

Le sens premier de langueyer s’est peu à peu effacé de l’usage courant, remplacé par des verbes plus directs comme "dépérir", "s’étioler", ou encore "s’affaiblir". Il subsiste aujourd’hui dans quelques textes littéraires, ou comme clin d’œil stylistique chez des auteurs sensibles à la musicalité de l’ancien français. Ce mot rare possède une couleur particulière, une saveur presque oubliée, qui peut séduire les amoureux de la langue et des nuances fines.

Le mot langueyer n’a pas de conjugaison moderne normalisée dans les dictionnaires actuels, mais il suit la forme des verbes du premier groupe. On pourrait donc dire "je langueye", "tu langueyes", "il langueye", comme on dirait "je travaille" ou "je balaye". Cependant, cette conjugaison n’est quasiment plus utilisée, sauf dans des pastiches littéraires, des chansons d’époque ou des compositions poétiques cherchant une atmosphère médiévale ou nostalgique.

Ce verbe peut aussi être mis en regard de termes comme "languir", qui a survécu à son cousin ancien. Bien que "languir" soit plus usité aujourd’hui, il partage avec langueyer cette idée de désir prolongé, d’attente douloureuse, de perte progressive de vitalité. Mais "langueyer", par sa rareté, offre une richesse expressive qui le rend plus précieux encore pour un usage littéraire ou symbolique. Il contient dans sa sonorité une lenteur douce, une peine qui ne crie pas.

Dans une perspective plus large, on peut voir dans le mot langueyer une façon poétique de dire ce que le langage moderne n’ose plus formuler avec tant de subtilité. Il appartient à une époque où la douleur et l’amour étaient exprimés avec retenue, parfois même avec délice. En le réutilisant aujourd’hui, on ne se contente pas de ressusciter un mot : on restaure un ton, une vision du monde, où la souffrance s’exprime avec pudeur, et où l’on peut encore "langueyer" sans tomber dans la mièvrerie.

En résumé, langueyer est un verbe oublié mais chargé d’émotion, un mot rare qui évoque la langueur amoureuse, la tristesse contenue et le dépérissement lent du cœur. Il nous rappelle qu’il existe des façons élégantes et nuancées de dire la douleur, la nostalgie ou le désir. Le retrouver, c’est renouer avec une langue sensible, un art de l’expression délicate, et redonner vie à un verbe qui mérite d’être réentendu.